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La vie des Classes : Le Dragon, presque centenaire et encore rugissant !

Il y a d’abord l’allure, la ligne. Intemporelle, tout en finesse. 94 ans après sa naissance, le Dragon traverse les modes et conserve son statut de quillard aux qualités exceptionnelles. Ce voilier de 8,90 mètres, né dans les fjords Norvégiens a conquis le monde et continue d’incarner aujourd’hui une façon de régater empreinte d’un savoir-faire et d’un savoir-vivre dignes des plus belles heures du Yachting. Le weekend dernier avait lieu le Grand Prix Dragon à Douarnenez, épreuve support du Championnat de France Open de Dragon, qui revenait au calendrier pour la première fois après plusieurs décennies d’absence. L’occasion d’en savoir plus sur ce quasi-centenaire toujours rugissant !

31 bateaux inscrits, 9 nationalités différentes représentées et quelques grands noms de la voile présents sur la ligne de départ, le Grand Prix Dragon à Douarnenez a offert un beau spectacle du 2 au 6 mai pour 4 jours de compétition, disputés dans des conditions musclées. Jean Bréger, Président de la Classe Dragon France raconte : « Sur 4 jours on en a fait 3 avec des Génois Lourds, ce qui veut dire qu’il y a de l’air pour notre Classe ! C’était des conditions magnifiques. Le plan d’eau de Douarnenez est extraordinaire, avec un club formidable. Le Comité de Course et le Jury ont été excellents. Au final ça a donné une organisation parfaite et conviviale. Ce côté amical après les courses est très important pour nous et la SR Douarnenez a un vrai savoir-faire là-dedans ». L’événement marquait surtout le retour d’un véritable Championnat de France Open (et donc ouvert aux équipages étrangers) pour cette classe après plusieurs années de disparition. « Un titre de Champion de France c’est plus parlant qu’un simple titre de Champion national », confirme Jean Bréger. « Et dans une classe comme la nôtre où on a la possibilité d’attirer des équipages étrangers, ça fait une vraie différence. Le fait de passer en Championnat de France a fait monter le niveau. Ce n’est pas juste un changement dans la sémantique ! » 

Un sacré niveau sur l’eau et un vainqueur final qui n’est autre que l’Australien Peter Gilmour, légende de la Coupe de l’America et quadruple Champion du Monde de Match-Racing ! Vainqueur avec son fils Sam et Yaji Yasuhiro de 3 des 7 courses disputées, le barreur de « YRed » s’est imposé devant le bateau Suédois « Miss Behavior » de Jan Secher et « Easy » de l’Allemand Michael Zankel. A noter aussi la victoire du Néerlandais Gus De Groot au classement Corinthien (amateurs) avec « Furie » et la belle 3e place de l’équipage « made in Douarnenez » de la Famille Bideau sur « Eizh ». Enfin, parce que le Dragon ne peut se défaire de son côté « historique », il est à noter que la seule course disputée le samedi a été remporté par l’équipage britannique de Martin Payne, le « Jour du Sacre » du Roi Charles III ! 

L’Histoire du Dragon est née en Norvège, en 1927, à l’occasion d’un concours de plan. L’architecte norvégien Johan Anker, par ailleurs jury du concours (!), conçoit alors un élégant voilier pour la course et la croisière côtière. Provisoirement baptisé « 20 m² de voilure » – le terme dragon adopté plus tard serait une traduction anglaise du mot norvégien drake –, ce plan remporte le concours. L’ancêtre du Dragon est né, la première unité étant lancée dès 1928. Très vite, le voilier gagne la réputation d’un bateau de brise, évolutif et sûr à la mer, une qualité qui le propulse sans tarder vers les rivages voisins de la Suède, du Danemark, de l’Allemagne et des Pays-Bas, alors qu’un premier comité de classe se créé en 1929. Le bateau fait des émules également en Ecosse, où l’on recherche un monotype adapté aux conditions assez rudes du pays et en 1937, le Royal Clyde Yacht crée la célèbre Gold Cup, qui se dispute encore aujourd’hui. Avec un gréement modernisé en 1945, le Dragon se démocratise encore plus largement et devient même support olympique pour les JO de Londres en 1948. Il le restera jusqu’en 1972 avant d’être remplacé par le Soling. Mais à l’instar de son cousin le Star, le Dragon continue d’attirer les régatiers du monde entier grâce à sa capacité à évoluer sans pour autant compromettre sa monotypie.
Introduit en France pour préparer les Jeux Olympiques de Londres en 1948, le Dragon continue de promener sa longiligne silhouette sur les plans d’eau du pays. « On est environ 80 membres de l’association de classe, avec une soixantaine de classés au classement de la Coupe de France, qui regroupe une dizaine d’épreuves », précise Jean Bréger, le président de la classe France Dragon. Comme chez les Star, la classe française des Dragons s’appuie sur un système de Flottes, disséminées dans des clubs de voile sur tous les bassins métropolitains, au Deauville Yacht Club, à la SR Douarnenez, au Yacht Club de la Baule, au Club de Voile du Bois de la Chaize, au Club de Voile d’Arcachon, au CV Cazaux Lac, à la Société Nautique du Grau du Roi Port Camargue et au Yacht Club de Cannes. Ce système de Flotte permet de réduire les coûts de déplacement et d’avoir un dynamisme local qui créé du lien avec les régatiers et les autres classes », décrit Jean Bréger. « Le rôle de la Classe France Dragon c’est d’harmoniser les calendriers pour essayer que nos adhérents n’aient pas à traverser la France en zig-zag tous les weekends. En Automne-Hiver on est en Méditerranée, à Port-Camargue, Cannes et aussi parfois en Italie avec une Flotte qui n’est pas très loin, du côté de San Remo. Puis en Printemps-Été c’est plutôt la façade Atlantique ». 

« Je suis pour le rapprochement avec d’autres séries », ajoute Jean Bréger. « On sait qu’on n’est pas une série très « junior » mais plutôt un support pour les quadra-quinqua qui cherche le bateau « ultime » pour la navigation entre 3 bouées. Les nouveaux adhérents viennent en général soit du Dériveur, soit de l’IRC ». Pas étonnant donc de retrouver Géry Trentesaux, le marin français le plus titré dans les courses du RORC (Royal Ocean Racing Club), au Championnat de France à Douarnenez et premier Français au classement avec Christian Ponthieu, Jean Quéveau et Morgan Riou. 

Victime parfois de sa réputation de bateau couteux, celui qu’on surnomme « le bateau des rois, roi des bateaux » peut pourtant s’appuyer sur une jauge qui a su protéger la monotypie au fil des ans. « Il y a 3 ou 4 ans, le Grade 1 de Cannes a été gagné par un bateau de location qui avait 20 ans », rappelle Jean Bréger. « C’est quelque chose qui moi me plait beaucoup car on n’a pas besoin d’avoir un bateau très récent pour performer. Frédéric Gourlaouen, qui fait 2e Français sur ce Championnat de France, navigue avec son équipage sur un Dragon en bois construit en 1972 ! C’est d’autant plus un des points forts du Dragon qu’on a la chance d’avoir un marché de l’occasion qui est assez dynamique. Le développement technologique n’est évidemment pas au cœur de l’ADN de la classe, nous ce qu’on veut c’est une vraie monotypie où la différence se fait vraiment sur la qualité de l’équipage ».  Ce qui est sûr c’est que le niveau dans la classe ne faiblit pas, les champions d’hier et d’aujourd’hui venant retrouver le goût de la régate au contact sur un bateau tout simplement indémodable. « On est un « bateau lent », avec donc des écarts faibles et un jeu qui n’est jamais perdu. L ‘esprit de compétition est acharné sur l’eau mais une fois à terre la 3e mi-temps est tout aussi intense en termes de convivialité ! ».

Bataille sur l’eau et ambiance amicale à terre, la clé du succès du Dragon ? « On a de la chance d’avoir des régatiers qui restent très fidèles à la série », explique Jean Bréger. « Dans la gestion qu’on a de la Classe on est très attaché à l’ambiance et à la convivialité. L’accueil des nouveaux adhérents est quelque chose de très important pour nous. On a dans chaque Flotte des gens qui sont prêts à transmettre toutes les infos pour bien se lancer et faciliter l’adaptation des nouveaux arrivants. Le Dragon reste un bateau atypique, le plus gros des petits bateaux ou le plus petit des gros bateaux. C’est un bateau lourd et peu toilé mais qui est beau, l’esthétisme faisant partie des raisons qui convertissent parfois les gens au support. Le beau a son importance. C’est notamment pour ça que la classe a « résisté » aux voiles sombres en composite ». 

Pour encourager le dynamisme et le recrutement la classe France Dragon a créé deux classements en début de saison cette année. Le « Défi France Dragon » est le premier d’entre eux. « Ce n’est pas une compétition à proprement parler », précise Jean Bréger. « Le but c’est d’encourager les clubs à faire des challenges locaux avec leurs Flottes et à le faire savoir. Le premier objectif pour les clubs c’est faire au moins 125 bateaux sur la ligne de départ à l’année via différentes compétitions au niveau local. L’autre objectif c’est de mettre en avant ces compétitions que ce soit sur les réseaux sociaux, via la presse locale ou des newsletters. En contrepartie les clubs qui ont rempli les objectifs reçoivent un budget pour organiser une soirée dont le but est de développer et faire connaître l’esprit de convivialité, de partage qui anime et caractérise cette classe ». Le deuxième classement mis en place est le « Trophée Atlantique » un challenge pour encourager et mettre en valeur les talents des barreurs et barreuses de toute nationalité, qui participent à au moins trois des quatre grands rendez-vous annuels pour les Dragons de la façade Atlantique et en Manche : le Grand Prix Dragon à Douarnenez, le Derby Dragon de La Baule, le Linkers de Deauville et la Drag’s Cup de Cazeaux Lac. « L’idée de ce Trophée vient à la base de Poul-Richard Hoj-Jensen et la Classe France Dragon l’a mise en musique », précise Jean Bréger. Le Danois, créateur du principal constructeur de Dragon en Europe, Petticrows, est un ancien double-Champion Olympique en Soling en 1976 et 1980 et double-champion du Monde de Dragon. « Hoj-Jensen, les Anglais l’appellent « The Man », ici c’est simplement « Dieu », donc on a tendance à tendre l’oreille quand une idée lui vient », sourit Jean Bréger.

Que les meilleurs équipages étrangers viennent naviguer en France n’est pas étonnant. « Nos relations avec la classe internationale (International Dragon Association) sont au beau fixe, d’autant que le président n’est autre que Gérard Blanc, qui est par ailleurs trésorier du Yacht Club de Cannes. On a la chance en France d’avoir un circuit qui est parmi l’un des plus étoffé dans le monde. On a la chance aussi, avec les Flottes en Méditerranée de pouvoir offrir des compétitions toute l’année et d’avoir des clubs reconnus pour leurs qualités en termes d’organisation et de convivialité. Enfin on a eu la possibilité d’accueillir récemment un bon nombre d’épreuves majeures et on se réjouit également d’avoir la Gold Cup à domicile en 2025 ». Un événement qui aura lieu, une nouvelle fois, à Douarnenez ! 


Le site officiel de la Classe Française       Le site de la SR Douarnenez

 

Le TOP 10 du Grand Prix Dragon Douarnenez – Championnat de France Dragon

1.    Peter GILMOUR, Yasuhiro YAJI & Sam GILMOUR (AUS) – « YRED » 
2.    Jan SECHER, Richard SYDENHAM & Gerard MITCHELL (SUE) – « MISS BEHAVIOR »
3.    Michael ZANKEL, Diogo SILVA PEIRERA & Joao MATOS ROSA (ALL) – « EASY »
4.    Bo Serj JOHANSEN, Theis PALM & Morten DAVIDSEN (DEN) – « DÉJÀ VU VERS 2.0 »
5.    Guus DE GROOT, Hay WINTERS & Richard VAN RIJ (HOL) – « FURIE »
6.    Poul-Richard HOJ-JENSEN, Katie COLE & Chris BRITAIN (ANT) – « DANISH BLUE »
7.    Nicola FRIESEN, Michael LIPP & Kilian WEISE (ALL) – « KHALEESI »
8.    Pedro REBELO DE ANDRADE, Tanit CABAU (Cannes Jeunesse), Patrick AUCOUR (Cannes Jeunesse) & Julia REY RAMOS (SR Douarnenez) (POR) – « MERCURY »
9.    Gery TRENTESAUX (SN Trinité/Mer), Christian PONTHIEU (CV Ecole Navale), Jean QUEVEAU (CV Ecole Navale) & Morgan RIOU (Brest Bretagne Nautisme) (FRA) – « BANDE A PART »
10.    Martin PAYNE, Will WILLET & Jonny EVERETT (GBR) – « FULL SPEED »

Le classement complet