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La vie des Classes : Le « Cinquo », toujours un sacré numéro !

Modèle d’élégance et de finesse, le 505 écrit sa légende depuis près de sept décennies. Dessinée en 1954, sa coque planante et son design aura influencé presque toutes les séries créées depuis. Il y a quelques jours avait lieu le Championnat de France 505, organisé par le SNPH au Havre. L’occasion d’en savoir plus sur le fameux « Cinquo » !

Habituellement disputé en Juillet, le Championnat de France de 505 s’est déroulé cette année du 6 au 8 mai au Havre, dans le cadre de la Gold Cup organisée par le SNPH. Un changement de date pour une bonne raison puisque la France accueillera le Championnat d’Europe 505 à Quiberon du 4 au 8 juillet, 11 ans après la dernière compétition internationale organisée en France et un Championnat du Monde 2012 à La Rochelle avec près de 200 bateaux inscrits ! Eric Quémard, Président de la Classe 505 France, raconte : « On arrivait un peu dans l’inconnue au Havre, on ne savait pas trop quelles conditions on allait avoir, et le plan d’eau à la réputation d’être difficile, mais ça s’est très bien passé au final. On a eu un peu moins de bateaux qu’à l’habitude sur le Championnat, du fait du changement de date d’une part, et d’autre part parce que les équipages anglais, qui traditionnellement viennent sur cette compétition, ont plus de difficultés à venir en France du fait des conséquences du Brexit ».

 

Côté sportif, le plan d’eau havrais a donné du fil à retordre aux équipages en lice, avec des conditions techniques, entre petit temps et forts courants. Il fallait donc avoir la bonne « veine » pour briller au classement cette année. A ce petit jeu-là Philippe Boite n’a pas tremblé. Le pensionnaire du CVSQ a décroché son 33e (!) titre de Champion de France, accompagné cette fois par un jeune coéquipier, Marin Carnot. L’un à 61 ans et l’autre 21, 40 ans d’écart et une même passion pour le « Cinquo », ce dériveur intemporel né il y a près de 70 ans.

Bateau de tous les possibles, le 505 est une création Franco-Britannique, dessiné par l’Anglais John Westell et lancé en France dans un premier temps. En 1953, l’architecte britannique propose un dériveur révolutionnaire de 5,50m, le « Coronet ». Le bateau impressionne à La Baule lors d’une sélection de la Fédération Internationale de Voile pour choisir un dériveur en double qui aura le statut de série internationale. Mais malgré la domination du Coronet, le jury déclare que le statut international ne lui sera accordé qu'à partir du centième exemplaire construit, la Fédération Internationale lui préférant le Flying Dutchman. L'histoire aurait pu s’arrêter là mais l’Association des Propriétaires de Caneton, une série française de dériveurs à restrictions de 5,05 m de long, contacte John Westell et lui demande de ramener la longueur du Coronet à celle du Caneton. L'architecte anglais accepte et le Caneton 505 acquiert de la sorte le statut de série nationale en France avant même qu'un seul exemplaire de série soit construit. Le virus du Coronet devient finalement la passion du 505 ! Moins de deux ans après son lancement, ce nouveau dériveur obtient un succès considérable auprès des régatiers du monde entier. Dès lors, on ne l'appelle plus « Caneton 505 » mais tout simplement « 505 ».

 

Près de 70 ans après, les « Cinquo » continue de régater partout dans le monde et notamment en France, qui reste un des circuits majeurs. « On est environ 30 bateaux très actifs sur le circuit 505 en France à l’heure actuelle », précise Eric Quémard, président de la Classe 505 France. « On a 30 autres bateaux qui participent de manière moins régulière mais qu’on retrouve plusieurs fois dans la saison. Il y a une cinquantaine d’autres bateaux qui naviguent plus en mode Loisirs avec un peu de compétition en Intersérie via leurs clubs. Et il y a au moins 150 à 200 bateaux encore en très bon état dans les hangars et les garages. On a un phénomène un peu particulier aux classes « historiques » comme la nôtre : on a quelques propriétaires qui ne peuvent plus naviguer, pour diverses raisons, mais qui gardent leurs « Cinquo » car ils en sont passionnés ».  

Comment expliquer cette passion justement, pour un dériveur presque septuagénaire ? Peut-être tout simplement suffit-il de voir une flotte de 505 lancés à toute vitesse sous spi pour comprendre. Le bateau est un modèle de polyvalence. Dans l'air léger, il est rapide et réactif, et dans la brise, il va juste plus vite. Le bateau est très toilé puisqu’il porte un peu plus de 16 mètres carrés de voile au près et presque 45 dans les bords de largue. Le 505 reste toutefois un bateau marin, très maniable, il est sûr et se redresse très facilement. Les règles de classe sont monotypes, mettant l'accent sur le contrôle des aspects qui affectent le plus directement la vitesse du bateau. Le plan de voilure et la forme de la coque sont étroitement contrôlés, tandis que la disposition du gréement et de l’accastillage est libre. Eric Quémard confirme que cette « Monotypie flexible » fait partie du charme du « Cinquo » : « Quand on organise des entrainements en 505 et on a pas mal de gens d’autres séries qui viennent essayer. Ils sont notamment intéressés par le concept d’accastillage libre du bateau, qui permet de tester plein d’idées et de pistes de réglages. Ce côté « laboratoire » reste une des grandes forces du « Cinquo ». La Classe France organise aussi une fois par mois des stages de perfectionnement, en partenariat avec l’ENVSN à Quiberon, avec des entraineurs spécialistes du 505 ».

 

Des entrainements sur le plan d’eau du prochain Championnat d’Europe de la discipline pour se préparer à affronter l’élite mondial du « Cinquo » !  Car, le 505 a gardé une dimension internationale qui le rend encore très attractif sportivement. Éric Quémard ajoute : « Sur un Championnat d’Europe on a 80 bateaux minimums et sur un Championnat du Monde on est entre 120 et 200 équipages. C’est malgré les chiffres une classe « familiale » où les gens se connaissent et échangent régulièrement car ils ont tendance à rester très fidèles au « Cinquo ». Au niveau de la Classe France, suivant les années, on est 70-80 adhérents à la Classe et on s’entend tous très bien. Les gens aiment beaucoup se retrouver sur les compétitions et on a la chance d’avoir un bon circuit en France. Après les difficultés qu’on peut rencontrer sont les mêmes que pour toutes les classes je pense, avec des déplacements qui coûtent de plus en plus cher et des investissements en temps qui sont plus difficiles à faire qu’avant ».

Les équipages étaient pourtant bien au rendez-vous au Havre pour le Championnat de France. « On était très heureux de faire ce Championnat avec le SNPH », ajoute Eric Quémard. « Avec la classe on cherche des « clubs partenaires » pour développer des activités locales. Je pense que c’est le cas pour la plupart des Classes mais on recherche des relais au plus près du terrain pour que des clubs mettent en avant notre support. C’est quelque chose qu’on essaye de recréer avec la SNPH, pour redévelopper une activité « Cinquo » sur le Havre. Aujourd’hui les clubs s’engagent plus difficilement dans la promotion d’une classe, d’autant plus « historique » comme le 505, mais cherchent plutôt à avoir une offre variée et on perd cette notion de « Flottes » qui faisait partie du dynamisme des classes. Ce qu’on aimerait bien c’est pouvoir travailler avec des clubs qui aujourd’hui ont du mal à recruter après l’Ecole de Voile et qui n’imposent pas de contraintes de série aux gens qui veulent devenir membres, ce qui est parfaitement compréhensible. Nous on est prêt à prêter des bateaux à un club qui ferait essayer le 505 ». L’opération est d’ailleurs déjà mise en place en Région Parisienne avec le Yacht Club de l’Ile de France depuis quelques temps.

 

Une volonté de développement et d’ouverture qui s’accompagne aussi d’un désir de faire découvrir ce support mythique à un public plus jeune. « On avait lancé il y a plusieurs années un challenge Espoirs, avec des propriétaires qui s’engageaient à prêter leur bateau à des équipages jeunes qui voulaient découvrir le Cinquo », raconte Eric Quemard. « Grace à ça on a environ un tiers de la classe active qui vient de cette filière-là, avec des équipages qui ont aujourd’hui entre 28 et 35 ans. Les personnes qu’on a un peu plus de mal à atteindre c’est les personnes de 35-40 qui ont déjà couru et qui voudraient se mettre au « Cinquo ». On a des gens qui achètent soit des bateaux trop vieux pour performer en régate, soit qui achètent en copropriété et les contraintes familiales sont d’autant plus contraignantes pour pouvoir naviguer. Après le « Cinquo » résiste plutôt bien pour une classe historique et non-olympique. Le challenge qu’on a quand même c’est celui du renouvellement et une difficulté qui est globale sur la pratique compétitive Senior en Voile Légère. » 

 

Au niveau international, l’association de classe des 505 a la réputation d’être parfaitement structurée et très active, à l’image par exemple de la Star Class. Aujourd’hui, les Flottes « historiques » comme la France, l’Angleterre ou l’Allemagne restent très actives en Europe, où se développent aussi d’autres Flottes, comme en Pologne ou dans les pays scandinaves. Au niveau mondial, l’Australie et les Etats-Unis sont deux places fortes du « Cinquo » et beaucoup d’équipages de ces pays ont d’ailleurs souvent deux bateaux, un chez eux et un basé en Europe. Eric Quémard, président de la classe 505 France conclut : « C’est vraiment une classe où les gens se connaissent bien et naviguent très bien ensemble. On a la chance de pouvoir lier convivialité et haut-niveau, avec quelques équipages olympiques qui viennent naviguer fréquemment en « Cinquo ». Le dernier barreur Champions du Monde, l’Américain Stuart McNay était sélectionné aux Jeux Olympiques de Tokyo, en 470. Ce qui est bien aussi avec cette série c’est que les meilleurs sont très accessibles et partagent très volontiers quelques conseils ».  Rendez-vous donc en Juillet à Quiberon pour découvrir de plus près tous les secrets du « Cinquo » !

 

 

Le site officiel de la Classe Française : http://www.cinquo.org/wp1/

 

 

Le site de la SNPH : https://www.snph.org/

 

 

 

 

Le TOP 10 de la Gold Cup – Championnat de France 505

 

1.      Philippe BOITE & Marin CARNOT (CVSQ)

2.      Aline MARTIN (YC Ile-de-France) & Augustin DOUMIC (SN Trinité s/mer)

3.      Gilles CHAPELIN (CV Bordeaux) & Christian CHAPELIN (CVML)

4.      Elisabeth NEIDHART (YC Ile-de-France) & Jean-Pierre GALLO (CVSQ)

5.      Hervé DE KERGARIOU & Jean-Claude ANCELOT (ASN Quiberon)

6.      Véronique BRENET & Jean-Pierre PETER (AC d’Alsace-Lorraine)

7.      Thibault MOREL & Matthieu MOREL (CV Jullouville)

8.      Serge GUBRI (CV Seine-Port) & Nicolas RADIER (CN Trégastel)

9.      Nicolas GUILLOU (SNPH) & Alban VIAUD (CNBPP)

10.   Christian SILVESTRE (YC Ile-de-France) & Stanislas RENE (Les Glénans)

 

Le classement complet : https://www.ffvoile.fr/ffv/sportif/ClmtCompetDet.asp?clid=186675

 

 

Crédit Photo : Christophe FAVREAU