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La vie des Classes : le Cormoran, un centenaire à l’éternelle jeunesse !

Ils promènent leurs petites bouilles et leurs élégants gréements houari depuis plus d’un siècle. L’origine des Cormoran remonte à l’année 1922, date du premier plan connu de ce voilier de 4m50 de long, avec son avant bien défendu, sa petite voûte à l’arrière, son bout-dehors et son gréement élancé. Inspiré par les petits bateaux de pêche de la Baie de Morlaix, ce voilier désormais centenaire a connu plusieurs vies et quelques passionnés continuent de faire vivre son héritage sur les plans d’eau de l’hexagone. Une vingtaine des 321 Cormoran recensés par la Classe, affiliée à la FFVoile depuis 2011, s’étaient donnés rendez-vous du 5 au 7 juillet pour leur Championnat de France, organisé par Brest Bretagne Nautisme.

C’est un voyage dans le temps que nous ont offert les 21 équipages en lice pour ce Championnat de France Cormoran en rade de Brest. On se serait cru revenu 100 ans en arrière, quand ces voiliers raflaient tous les honneurs dans les régates en Baie de Morlaix. Destiné à l’origine à la navigation « en estuaires et rade », selon les termes de la revue Le Yacht en 1946, le Cormoran a démontré sa capacité à naviguer dans du vent soutenu et du clapot sur ce Championnat de France à Brest ! « Comme l’année dernière à Douarnenez, on a eu des conditions toniques », décrit Jacques Lemetayer, le président de la Classe Cormoran. « Le Comité de Course a même dû suspendre les courses du samedi, mais cela n’a pas entamé la détermination des participants qui ont tous donné le meilleur d’eux-mêmes et de leur bateau ! ». Les équipages ont livré une belle bataille, après une magnifique parade le jeudi, sous le regard protecteur de « l’Etoile », la goélette de l’École Navale. Sous le soleil breton, ils ont salué l’île Ronde, à l’extrémité de la pointe de l’Armorique puis sont passés entre les îles Trébéron avant de rentrer au port du Moulin Blanc.

La compétition, elle, a couronné l’équipage de « Pikou Panez » mené par Frédéric Rohou, avec Léo Suire et Morgan Rohou, venu de Roscoff. Comme quoi, plus de 100 ans plus tard, c’est toujours les marins de la Baie de Morlaix qui brillent en Cormoran ! Sur le podium on retrouvait « Cristina », avec Christophe Bogrand, Maxime Abgrall et Hugo Bogrand à la 2e place et « Penn Kalet » de la famille Le Calvez, 3e. Une belle édition du Championnat de France avant de retrouver la bretagne nord l’an prochain. « En 2025 nous nous retrouverons à Saint Briac au début du mois de juillet, accueillis par le Yacht Club de Saint Briac et les cormoranistes du lieu qui ont déjà hâte de nous faire connaître leur superbe plan d’eau », se réjouit Jacques Lemetayer.

Depuis quelques années, la classe connait un vrai « coup de jeune ». A Brest sept laseristes de l'équipe compétition de Brest Bretagne Nautisme ont régaté comme barreurs et équipiers avec les « tauliers » de la classe. Avec succès, en témoigne la 4e place de Paul Le Cleac’h et Joshua Tranchard avec Steven Lecleach sur « P’tiboudbois ». Surtout, un équipage 100% Jeunes de BBN s’est vu confier le Cormoran numéro 314, « Pijadur », et l’a bien rendu, avec une 7e place pour Pauline Peltier, Eliott Barre et Etienne Seizeur. « Ce bateau est prêté chaque année à des jeunes avec pour mission de ne pas abîmer le bateau et, surtout, de s’amuser sur l’eau », explique Jacques Lemetayer, président de la classe Cormoran. « Pijadur a été rendu en parfait état et nous avons pu constater qu’ils s’étaient bien amusés ! Ils ont même trouvé le temps, pendant le championnat, de se faire fabriquer un T-shirt avec « Pijadur sailing team » écrit dessus ! ».

Ce « Pijadur », l’un des derniers Cormoran construit, est un lien entre passé et modernité à lui tout seul. C’est le premier exemplaire du projet « Sparfel » initié par des cormoranistes brestois qui souhaitaient ouvrir la série à la construction amateure, avec l’aide de l’architecte naval François Vivier pour le dossier technique, des élèves ingénieurs de l’ENSTA Bretagne pour la modélisation des performances et du Chantier Grand Largue à Saint-Briac, pour sa construction. Construit en bois moderne, le nouveau sloop houari demeure élégant, marin et rapide, le cahier des charges insistant aussi sur la facilité d’utilisation (mise à l’eau et mâtage aisés, autovideur au mouillage…). « Pijadur » terminé, le dossier de construction est désormais disponible auprès de la Classe Cormoran. Il inclut les plans de forme et de charpente, les fichiers de découpe numérique et une notice de construction étape par étape, en photos.

Ce Cormoran « accessible à tous », offre une nouvelle vie à ce voilier qui en a connu un certain nombre, depuis qu’il est sorti, en 1922, de la table à dessin de Charles Raillard, à la demande d’Eugène Herr, membre de la Société des régates de Morlaix, qui souhaitait un canot pratique et rapide pour se livrer aux plaisirs de la petite pêche et de la promenade, et éventuellement régater dans la baie. Pour rester « maitre » de son succès, une jauge restrictive est mise en place en 1932, imposant une longueur et une largeur de coque maximale (4m50 sur 1m80) et limitant le tirant d’eau et la surface des voiles. Ce cadre laisse la part-belle à l’imagination des architectes, libre d’imaginer de nouvelles formes, de nouvelles lignes, de nouveaux volumes.

Le Comoran connait un succès qui ne sera que ralenti par la Guerre avant de souffrir face à la concurrence des nouvelles pratiques véliques et des engins en composite. Mais en 1984, un architecte et constructeur de Roscoff, dessine un nouveau plan et construit un Cormoran dont il tire un moule permettant la construction en composite. Plus d’une centaine de Comorans seront construits sur cette base par plusieurs chantiers en Bretagne. Ce renouveau de la flotte de Cormorans a vigoureusement relancé l’activité régatière de la série tout comme la pratique de pêche de loisir et de promenade. Il a également amené des constructeurs et des architectes à concevoir de nouveaux plans et proposer de nouvelles formes, tant en composite qu’en bois. Depuis 1922, il a été construit plus de 310 Cormorans dont environ 150 naviguent aujourd’hui, en France principalement, mais aussi à l’étranger (Angleterre, Allemagne, Norvège, Grèce…).

 

Le site officiel de la Classe Française Le site de Brest Bretagne Nautisme

 

 

Le Top 10 du Championnat de France

 

  • 1. « Pikou Panez » - Frederic ROHOU (YC Roscoff), Léo SUIRE (CN Roscoff) et Morgan ROHOU (CN Roscoff)
  • 2. « Cristina » - Christophe BOGRAND (CN Carantec), Maxime ABGRALL (YC Morlaix) et Hugo BOGRAND (CN Carantec)
  • 3. « Penn Kalet » - Hervé LE CALVEZ (SR Perros), Jean-Marie LE CALVEZ (CN Tregastel) et Virginie LE CALVEZ (Brest Bretagne Nautisme)
  • 4. « P’titboudbois » - Steven LE CLEAC’H (CN Carantec), Paul LE CLEAC’H (Brest Bretagne Nautisme) et Joshua TRANCHARD (Brest Bretagne Nautisme)
  • 5. « Noli » - Jonathan FLORENT (SR Terenez), Yoann COAT (CV L’Aber Wrach) et Claire COLLE (SR Terenez)
  • 6. « Morgwen » - René BROUDIC (CN Carantec), Eric BARON (SNM) et Laurence JEANDOT (SR Dourduff)
  • 7. « Pijadur » - Pauline PELTIER (Brest Bretagne Nautisme), Eliott BARRE (Brest Bretagne Nautisme) et Etienne SEIZEUR (Brest Bretagne Nautisme)
  • 8. « Pardoun Mud » - Franck DERAMOND (CN Carantec), Alain MORVAN (SR Dourduff) et Eric VANRAMPELBERGH (CN Carantec)
  • 9. « Harmattan » - François CHARLES (Canot Club Primel), Olivier LEROUX (Canot Club Primel) et Baptiste GUERER (CN Clerderois)
  • 10. « Disvare » - Jean-Marie JEZEQUEL (YC Morlaix), Camille MEVEL (SR Dourduff) et Loick MEVEL (SR Dourduff)

 

Le classement Complet