Organisée vendredi 8 décembre, à la Maison de la Radio, à Paris, les Assises Environnementales de la Course au Large ont réuni, à l’initiative de la Fédération Française de Voile, une centaine de professionnels du secteur (skippers, organisateurs de course, représentants de classes, sponsors, chantiers, architectes ou équipementiers…) qui sont venus pour réfléchir à la transition environnementale de la discipline.
Ce rendez-vous a été l’occasion de présentations réalisées par des cabinets experts tels que The Boson Project qui a cherché à identifier quels étaient les leviers de la transition environnementale et les freins au sein de la course au large. Le cabinet de conseils indépendant Earth Actions a, de son côté, identifié la trajectoire que devra suivre le secteur de la course au large s’il souhaite s’aligner sur l’Accord de Paris, qui préconise pour chaque acteur la réduction des émissions de 30% d’ici à 2030 et de 90% d’ici 2050. Plusieurs experts, tels que Mael Besson ou Pierre-Jean Cottalorda, ont partagé leurs analyses concernant la transition écologique d’autres sports et des propositions de méthodologies pour les atteindre.
« Cette journée a permis d’établir un état des lieux, non-exhaustif, des grandes tendances liées aux enjeux environnementaux dans la discipline de la Course au Large. Plusieurs participants ont souligné la qualité des intervenants et des analyses. » Précise Anne Dos Santos secrétaire générale et vice-présidente en charge des actions RSE au sein de la FFVoile. « Les ateliers ont été également très riches. Nous travaillons sur un bilan de ces différents échanges. Plusieurs idées ont émergé. Elles ne sont peut-être pas toutes réalisables, mais elles donnent des pistes très intéressantes. Nous partagerons ce bilan dans un premier temps aux personnes présentes, puis nous les diffuserons à l’ensemble des acteurs. »
Si ce sont bien les différents acteurs qui devront se saisir du sujet, identifier, définir et partager leurs propres règles, l’approche pré-compétitive, c’est-à-dire mettre des ressources en commun et lancer des actions collectives, semble pouvoir fédérer. « La discipline est en mouvement sur le sujet. Il semble que mutualiser des solutions pour l’ensemble des classes et des acteurs de manière précompétitive puisse être un axe de travail commun. Cela peut être au niveau technique, organisationnel ou bien en lien avec nos formats de course. Par exemple, définir des règles pour que les parcours intègrent des zones d’exclusion où il y a une forte densité de mammifères marins pourrait être acté par tous les organisateurs. » Nous, explique Dimitri Caudrelier, expert en transition écologique, qui a accompagné la fédération française de voile dans la préparation de cet événement.
Quelles sont les prochaines étapes de ce premier rendez-vous ? « Le rôle de la fédération française de voile n’est pas de définir l’ensemble de ces règles, mais de mettre en place un cadre dans lequel les acteurs vont se réunir pour définir leurs propres règles. Des objectifs tels que la réduction des émissions de 30% d’ici 2030 semblent atteignables. C’est aux acteurs de s’auto définir, comment et avec quelles échéances. La fédération s’est engagée à planifier un autre point d’étape en juin 2024. Nous espérons pouvoir en début d’année proposer un programme autour de 4 ou 5 modules qui seraient des temps de réflexion sur des thématiques plus précises, sélectionnées sur la base des ateliers de vendredi après-midi. » Précise Anne Dos Santos. « Nous aimerions aussi aller plus loin dans les analyses, en interrogeant notamment plus d’acteurs. Mais cela sera aussi dépendant des moyens financiers dont nous disposerons. La fédération ne peut pas porter financièrement seule cette démarche. La Fondation de la Voile va nous aider, mais il faut des donateurs pour permettre au projet de se développer. » conclut la Secrétaire Générale de la FFVoile.
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Ils ont dit :
Catherine Chabaud, Députée Européenne : « Cette initiative des Assises Environnementales de la Course au Large et du développement durable, c’est l’ambition de fédérer toutes ces belles énergies qui depuis 20 ans s’expriment individuellement pour réduire leur impact sur l’environnement et les océans. Nous avions besoin de fédérer ce milieu et de mettre tout le monde autour de la table à l’image de ce que nous avons fait lors du Grenelle de l’environnement. La course au large doit œuvrer pour être plus sobre. Il y a eu lors de ces assises des experts très pointus qui ont fait un très bel état des lieux. La méthode de la FFVoile est bonne, c’est un premier pas pour l’avenir, nous donner des objectifs et engager ainsi la course au large dans la durabilité. »
Paul Meilhat, Skipper IMOCA : « C’est bien de se retrouver pour réfléchir collectivement à ces enjeux. Les idées partagées sont intéressantes. Certaines seront difficiles à mettre en place, d’autres plus faciles à réaliser. La question va être de savoir où nous mettons le curseur en fonction des objectifs à atteindre. Nous avons vu que nous pouvions travailler ensemble et ça c’est un point positif »
Gildas Gautier et Antoine Robin, Directeurs Adjoints de la Transat Jacques Vabre Le Havre Normandie : « La Transat Jacques Vabre a été un des premiers événements à prendre en compte les aspects d’environnement dans la mise en place de son organisation. C’est donc un sujet qui nous est cher car nous devons poursuivre et essayer d’aller plus loin dans cette démarche. L’idée de regrouper les différents acteurs pour évoquer ces thématiques et les perspectives nous apparait indispensables pour réussir ensemble. »
Jean Marre, membre du Conseil d’Administration de la Classe Mini : « La Classe Mini est très intéressée pour suivre les dynamiques pour transformer notre sport en prenant en compte les enjeux environnementaux. Avancer tout seul dans son coin n’est pas facile, c’est pourquoi, voir tous les acteurs réunit aujourd’hui dans un même objectif c’est très positif.»